Franco Sbarro a choisi comme base une Volkswagen Cocinelle (châssis et moteur). Une base technique éprouvée qui n'a pas engendré de problèmes particuliers. En revanche, la fabrication de la carrosserie a été laborieuse. Les parties vitrées notamment ont été difficiles à monter. Malgré tout, Sbarro commençait à maîtriser la technique du polyester et de la fibre de verre.

Le poids du coupé Filipinetti ne dépasse pas 800 kg ce qui permet à cette voiture d'atteindre la vitesse respectable pour l'époque de 160 km/h (une VW Karman contemporaine plafonnait à 145 km/h). L'intérieur, réalisé par un sellier, est plutôt cossu pour une voiture artisanale (bois, cuir) et digne des meilleurs coupés des années soixante.

Franco Sbarro travaillait depuis deux ans sur son prototype, en dehors de son temps de travail à la Scuderia Filipinetti. Son atelier était situé dans les anciennes écuries du château de Grandson. C'est là qu'un dimanche Georges Filipinetti découvre son employé travaillant sur son prototype. Sa réaction fut surprenante : il propose de financer la construction de la voiture, à la condition qu'elle porte son nom. Et implicitement il en devenait le propriétaire ! Financièrement cela était très intéressant pour le jeune constructeur. Mais ce fut un peu plus dur de perdre la paternité et la propriété de son travail. Des années plus tard, Franco Sbarro put cependant racheter les prototypes. Georges Filipinetti envisage de proposer à Volkswagen de construire en petite série le coupé : cela conduira Sbarro à concevoir le coupé Filipinetti 2.

Le premier coupé fut utilisé par Franco Sbarro. Il était notamment au volant lorsque, ébloui par le soleil, il s'est encastré à vive allure dans l'arrière d'une Peugeot 404. Cette dernière a été déclarée épave par les assurances, alors que le coupé Filipinetti 1 fut réparé et prêt quelques jours plus tard pour un voyage en Italie du Sud chez sa famille. Le polyester a absorbé le choc et a évité à Sbarro de graves blessures (il n'y avait pas de ceintures de sécurité). Dès lors, il n'aura de cesse d'étudier ce matériau et de l'utiliser pour ses futures constructions.