Sbarro Ford GT40 , 1968
Franco Sbarro et la GT40, c'est une très longue histoire. Les premiers contacts eurent lieu lorsque Sbarro était chef mécanicien de la Scuderia Filipinetti, qui engageait ces formidables machines en compétition. La voiture n'a donc aucun secret pour Sbarro, qui a passé des heures à en assurer la préparation. La GT40 semble même le fasciner, au point qu'il en restaurera quelques-une. Cela lui a d'ailleurs attiré pas mal de problèmes, comme en témoigne le cas du châssis #1048. La voiture avait connu de nombreuses péripéties depuis sa construction en 1966. Son proprétaire d'alors, Jean Pierre Van Den Doorn, la confia à Sbarro pour une restauration légère en décembre 1979. En 1980, la voiture fut vendue par Sbarro à Giuseppe Lucchini, mais sans sa plaque de châssis originale. Cette plaque fut utilisée par la suite par Sbarro pour une réplique de GT40 qu'il vendit à... Jean-Pierre Van Den Doorn ! Du coup, Lucchini et Van Den Doorn estimaient chacun posséder la "vraie" GT40 #1048. L'affaire fut portée en justice. Une histoire similaire arriva avec la GT40 châssis #1033, vendue par Sbarro à un collectionneur. Or une autre GT40 portant le même numéro de châssis roulait aux Etats-Unis. Là aussi, des querelles d'experts et des batailles judiciaires eurent lieues et donnèrent raison à Franco Sbarro. Cela n'empècha pas ce dernier de reprendre la voiture, annulant ainsi la vente.
Ces histoires autour des véritables GT40 posent de nombreux problèmes d'authenticité pour des voitures qui ont subi au cours de leur existence de nombreuses transformations et restaurations et qui ont connu de nombreux propriétaires. Pour certains experts, seul le numéro de châssis authentifie l'identité d'une voiture. Pour Sbarro, et c'est l'avis retenu par le tribunal dans l'affaire #1033, seuls les papiers accompagnant un véhicule font foi. Ils permettent de retrouver les propriétaires successifs au fil des restaurations et des réparations et de démêler une histoire tumultueuse.
Si les restaurations effectuées par Franco Sbarro sont intéressantes, il m'est actuellement impossible de dresser une liste exhaustive de toutes les GT40 qui sont passées entre les mains de Sbarro. Même les experts et les collectionneurs propriétaires de GT40 ne sont pas tous d'accord sur l'histoire de ces fantastiques voitures qui, rappelons-le, ont vaincu les Ferrari aux 24 heures du Mans. Certaines ont été adaptées à un usage routier (mise en conformité avec le code de la route), comme en témoigne le catalogue ACA de 1968 reproduit ci-contre.
Devant l'engouement suscité par la GT40 et la rareté de la voiture, l'idée d'une réplique est vite venue à l'esprit de Franco Sbarro. Et quitte à en fabriquer une, autant qu'elle soit proche de l'original. A cette époque, Ford vendait dans son réseau la De Tomaso Pantera. Une voiture idéale pour servir de base à la réplique de Sbarro puisque sa fiche technique était assez proche de la GT40 avec notamment un moteur central Ford Cleveland de 5,7 litres. Sbarro utilisa donc la Pantera sur laquelle il plaça une carrosserie en fibres de verre. Le travail était si soigné que même les experts si trompaient, si l'on en croit l'histoire du châssis #1048 ! Sbarro possédait en effet suffisamment de pièces originales pour construire des modèles entièrement conformes à la GT40. Dans ce cas, un certificat d'authentification était fourni avec la voiture. Un modèle peint en noir était exposé au Centre Espera à Pontarlier.
Sbarro GT40 réplique. Base : De Tomaso Pantera. Moteur V8 Cleveland 5763 cm3 en position centrale. Propulsion. Boîte manuelle à 5 vitesses. Freins : 4 disques.
Production :
Ford GT40 Street (1968-1969) : 4 exemplaires
Ford GT40 Replica (1982) : 1 exemplaire
Ford GT40 replica 2 (1982-1985) : 6 exemplaires