C2 V6

Implanter le plus gros moteur français dans le plus petit modèle Citroën : voilà en quelques mots le cahier des charges imposé par Citroën aux élèves de l'école Espera pour cette automobile hors du commun : la C2 V6. De la feuille blanche à la moquette du salon de Genève en mars 2005, il leur aura fallu moins de trois mois pour métamorphoser une banale C2 1.4 HDI de série en voiture de compétition digne du WRC.

Moteur V6, central arrière, propulsion : la C2 est métamorphosée (photographie Espera)

Gros moteur, petite caisse

L'idée du gros moteur dans une petite carrosserie n'est pas nouvelle. Sans remonter à la nuit des temps, la Cobra de Caroll Shelby partait de ce principe et a prouvé son bien fondé. En 2005, Hartge a équipé la petite BMW série 1 du V8 de l'ancienne M5 porté à 450 chevaux ! Sans aller jusqu'à de telles extrémités, les élèves de Sbarro ont injecté 220 chevaux dans la Citroën C2. Cette cavalerie provient du moteur V6 qui équipe la C5 ou la 406. En l’occurrence, il s'agit du bloc d'une 406 V6 de présérie destinée à la casse. Placé en position centrale arrière, à la place des sièges arrière, il a nécessité l'allongement de l'empattement de 5 cm et les trains roulants ont été entièrement revus. La voiture est notamment devenue une propulsion ! Tout cela ne s'improvise pas et les élèves ont pu bénéficier de l'expérience de Sbarro en la matière : Renault Mégane V6 en 1998, Seat Leon en 2001 et C3 Pluriel V6 en 2004. Malgré tout, réaliser cela en trois mois relève de l'exploit.

Les arches de roues sont élargies et accueillent des roues de 18 pouces à l'avant et 19 pouces à l'arrière (photographie Espera)

Inspiration rallye

Esthétiquement, la C2 répond ici aussi aux exigences de Citroën : évoquer la C2 Super 1600 du championnat du monde des rallyes. Les couleurs se sont donc imposées d'elles-mêmes : rouge et blanc, jusque sur le moteur. Ailes arrière élargies de 16 cm, partie arrière qui s'ouvre d'un seul bloc pour faciliter la maintenance mécanique, ajout d'un arceau de sécurité, remplacement des sièges avant par des baquets avec harnais, panneaux de carrosserie en fibre de verre (à l'exception du capot avant et des portes d'origine), double sortie d'échappement. Le tout ponctué par de magnifiques jantes en alliage de 18 pouces à l'avant et 19 à l'arrière. A l'intérieur, on trouve pêle-mêle un volant biseauté, un levier de vitesses en aluminium avec chevrons découpés, les interrupteurs de la pompe à essence et des deux ventilateurs et l'inévitable coupe circuit. Les fonds de compteurs et les aérateurs sont teintés en rouge. Tout cela respire l'ambiance course à plein nez.

Le V6 de 220 chevaux est installé en position centrale arrière transversale sous un capot qui s'ouvre d'un seul bloc (photographie Espera)

Elle roule !

Comment se comporte cette splendide réalisation sur la route ? Quelques journalistes ont eu le privilège de conduire la C2 V6 sur l'aérodrome de Pontarlier. Les réactions sont les mêmes pour tous : voiture agile, très vive mais d'une grande souplesse, une boîte de vitesse pas toujours évidente à maîtriser, une direction lourde et peu précise et les pneus qui frottent parfois sur les passages de roues. Tout cela témoigne de la rapidité de construction de la voiture : concevoir et construire la C2 V6 en si peu de temps est un exploit. Les réglages et la mise au point n'ont bien entendu pas pu se faire. Le simple fait que la voiture roule, et roule même très fort, démontre le savoir-faire de Sbarro.

Ambiance course à l'intérieur (photographie Espera)

Une voiture attachante, haute en couleur et qui laisse rêveur devant le potentiel qu'elle dégage. Voilà ce que l'on retiendra de la C2 V6. Laissons de côté la frustration de ne jamais la voir construite en série et regardons devant. En 2006, les élèves d'Espera ont reçu une C1 et un moteur de C2 1.6 VTS de 125 chevaux et en ont fait la GT-C1. Toujours le mythe du gros moteur dans une petite caisse. La légende continue...

En bref
1- Commande officielle de Citroën
2- Moteur V6 dans la plus petite des voitures françaises de 2005
3- La seule C2 propulsion