Sbarro SV1 -1973

En mars 1973, Franco Sbarro expose pour la première fois sous son nom au salon de Genève. Le stand est certes petit, mais il inaugure une série ininterrompue de participations au salon suisse. Le stand Sbarro deviendra d'année en année le rendez-vous incontournable des visiteurs. Ce n'est pas si anodin que cela peut paraître au premier abord. En 1973, quand Sbarro expose la SV1, il a alors surtout concentré ses activités autour de la compétition : Formule 5000, CanAm, Chevrolet Corvette, Opel GT Greder, adaptation routière de la Lola T70. Reconnu auprès des acteurs de la compétition mondiale, il reste inconnu du grand public. Le salon de Genève deviendra sa vitrine, celle qui lui permettra de toucher directement le public et ses futurs clients. Les retombées médiatiques d'un tel événement peuvent être considérables et justifier ainsi l'investissement conséquent pour un artisan d'une présence dans un salon automobile international.

La Sbarro SV1 avec ses portes papillon. On distingue bien les gros pare-chocs, un des éléments de sécurité de la voiture.

De la compétition à la sécurité

En 1973 Sbarro va délaisser la fabrication de voitures de compétition pour s'intéresser aux voitures routières. Le coupé SV-1, pour Safety Vehicle One, est donc présenté au salon de Genève 1973, aux côtés de la Tiger et constitue une étape importante dans la carrière de Franco Sbarro.

Il s'agit d'une voiture répondant à des normes de sécurité élevées pour l'époque. L'habitacle est renforcé. Le châssis-poutre est relié à un cadre tubulaire latéral avec double arceau de sécurité noyé dans une double monocoque de polyester remplie de mousse polyuréthane. La SV1 est équipée de deux extincteurs automatiques qui se déclenchent en cas de choc ou de très fortes chaleurs dans le compartiment moteur et l'habitacle. Les coffres avant et arrière sont conçus comme des zones de déformation en cas d'accident. On ne peut être qu'admiratif devant tant d'innovations et de travail d'études pour un petit constructeur, aussi passionné soit-il. Cela a eu un coût financier qui fit que la voiture ne put être vendue en restant rentable : un seul exemplaire sera construit.

 
La Sbarro SV-1 dans la neige

Une mécanique insolite

Deux motorisations sont prévues : un moteur rotatif Wankel à deux pistons issu de la NSU Ro80 de 150 ch DIN à 5500 tours/minute ou un assemblage de deux birotors NSU développant 300 ch DIN, toujours à 5500 tours/minute. Une seule voiture sera cependant construite et sera motorisée avec la deuxième formule. Signalons que Sbarro expérimente ici la technique qui consiste à assembler deux moteurs pour en former un nouveau. Cette solution sera reprise de nombreuses fois par la suite (Royale, Super twelve...). La SV-1 reste à ce jour le seul modèle Sbarro à moteur rotatif.

La voiture, financée par Uwe Hücke, un industriel allemand et propriétaire d'un atelier de restauration de voitures, n'a pas trouvé acquéreur à l'époque. Au salon de Genève 1973, la voiture arborait une carrosserie de couleur blanche. Elle fut repeinte l'année suivante en orange et exposée à nouveau sur le stand Sbarro en 1974, aux côtés de la Stash. Il semble, d'après les photos, que les répétiteurs de clignotant à l'avant ont été modifiés et que de nouveaux feux arrière remplacent ceux de la première version qui devaient, sauf erreur de ma part, provenir d'une Mercedes.

En bref
1- Étape importante pour Sbarro qui arrête ce s'occuper de voitures de compétition
2- La SV1 est innovatrice par sa conception régie par la notion de sécurité active et passive
3- Trop de solutions avant-gardistes qui ont abouti à un prix de revient trop élevé
Principales sources
1- livre "Franco Sbarro. La mécanique dans le sang. Tome 1"
2- Auto Journal spécial salon, septembre 1974
3- ancien site de l'école Espera de Pontarlier, consulté et archivé par mes soins en 2009
4- divers catalogues : SV1 1974, SV1 en allemand, Espera Sbarro 1991